C’est fait! Le retour à l’école est derrière nous. Une autre rentrée scolaire qui amène son lot de changements, de nouveautés, d’adaptations et tant d’autres situations à gérer. Malgré ce tourbillon annuel, une chose reste constante pour les enseignants : la liste de classe. La fameuse liste de classe! Quels élèves me seront confiés? Aurais-je Untel dans ma classe? Est-ce que X sera toujours comme mes collègues me l’ont décrit? J’espère que Y ne sera pas comme son frère que j’ai déjà eu… Autant de questions ou d’affirmations légitimes, mais dont il faut se méfier.

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La « flèche » de FedEx
Récemment, j’avais la chance et le bonheur d’assister à une conférence de Marius Bourgeois sur le thème « Faiseurs de possible ». En fait, c’est à la suite de mon initiative que Marius était présent à l’occasion de la rentrée 2021 de mon équipe-école. Je l’admets, j’avais volontairement planifié le tout pour qu’on prenne conscience, entre autres, de notre capacité à être des leaders face au groupe qui nous est confié et de notre pouvoir d’influence face aux élèves. Le pouvoir de l’effet enseignant! Ce fameux concept auquel je crois profondément et qui est, à mon avis, trop souvent sous-estimé. C’est donc par différents exemples et quelques illustrations fort bien choisies que Marius nous a convaincus qu’il y a quelque chose à découvrir dans chaque élève. Celle inspirée du logo de l’entreprise FedEx est, à mon avis, la plus éloquente puisqu’elle démontre qu’il y a toujours une « flèche » dans chaque situation, chaque personne, chaque élève.

En effet, à se fier à nos a priori, au premier coup d’œil ou à ce qu’on entend de la majorité, on passe souvent à côté de quelque chose de plus subtil, mais tout aussi important. La « flèche » dans le logo de FedEx a toujours été là, mais pas toujours visible selon le regard qu’on pose ou le temps qu’on prend pour le regarder. Il en est de même pour nos collègues, nos amis, nos élèves… Voyez-vous?
La « flèche », la classe et les élèves
Mais revenons à la liste de classe et appliquons-lui le « principe de la flèche FedEx ». Quel enseignant peut prétendre connaitre tous ses élèves dès le jour 1 de l’année scolaire? Il y a, en effet, un énorme danger qui nous guette dans le fait de vouloir caractériser trop rapidement chacun des élèves qui nous sont confiés. Mettons de côté nos premières impressions, nos idées préconçues ou nos conclusions hâtives. L’être humain est complexe et les élèves changent. Une année scolaire ou même un été c’est souvent une éternité dans la vie d’un jeune. Qu’on pense à l’enfant qui entre à la maternelle et qui a tout à apprendre, à celui du primaire qui, après les 2 mois des vacances estivales, n’est plus l’élève qu’il était en juin ou encore l’ado du secondaire qui vivra assurément au moins une période plus difficile servant à forger son identité, pouvons-nous voir la « flèche » lors de la première journée de classe, la première semaine ou même le premier mois de l’année scolaire? Y a-t-il seulement une flèche qu’on puisse déceler à ce moment? Le sens commun et la psychopédagogie nous enseignent que nous devons être prudents et réserver nos jugements pour bien comprendre et connaitre un élève. Le « principe de la flèche FedEx » demande d’avoir un bon éclairage, de la perspective et une certaine profondeur avant d’y arriver. Et encore! Même avec les meilleures conditions, il se peut qu’on ne puisse pas la voir à certains moments, pour certains élèves. En pareil cas, Marius nous suggère de ne pas hésiter à demander de l’aide à un collègue. Ça réfère au concept de l’équipe-école, à la complémentarité des expériences, des idées et des points de vue; ce qui est « visible » par une personne ne l’est pas nécessairement pour une autre et vice-versa.
Prenons donc le temps, dès les premiers moments de l’année scolaire, de créer un lien de confiance avec chacun de nos élèves. Ce lien si important et puissant selon Hattie (d = 0,52) pour maximiser les chances de réussite scolaire. En oubliant les étiquettes (d = 0,61) et les préjugés, donnons-leur la chance de nous démontrer tout leur potentiel en les plaçant des contextes favorables. Ainsi, peut-être que la « flèche » impossible à voir au jour 1 se révélera graduellement. Qui sait, elle deviendra peut-être plus grosse que le logo et nous éblouira à chaque coup d’œil… D’ailleurs, n’est-ce pas là le défi de tous les différents intervenants dans une équipe-école : faire briller, chacun à sa façon, chaque élève?