Saint-Exupéry l’écrivait dans le Petit Prince et Stéphane Laporte en faisait le titre de sa chronique d’hier sur Laurent Duvernay-Tardif. Non, je ne vous parlerai pas de football ou de cet athlète québécois, bien que je puisse en dire long sur la persévérance qu’il a démontrée dans son parcours scolaire ou sur son accomplissement en tant que médecin à travers toutes ces années de sport professionnel. Non. C’est simplement qu’en ce début de semaine de reconnaissance du travail des enseignants, le titre de Laporte m’a fait penser à tout ce que les enseignants font dans une semaine ou une année, tous ces petits gestes ou ce travail qu’on ne voit pas, mais qui est tellement important et fait souvent toute la différence pour leurs élèves. Bref, le titre m’a rappelé comment l’effet enseignant, aussi invisible soit-il, est primordial et puissant.
L‘effet enseignant c’est cette forme de complicité entre le prof et ses élèves qui ne se voit pas, mais qui se sent et qui s’entend. En effet, l’accueil, les mots, les intonations, les expressions et j’en passe, sont autant de façons d’entrer en relation avec les élèves. Autant de façons de créer le lien avec eux avant même de pouvoir penser enseigner. Différentes études menées dans la dernière décennie (Allday et al 2011; Allday and Pakurar 2007; Weinstein et al. 2009) l’expliquent bien : la façon dont l’enseignant aborde ses élèves au début de la journée, ou de la période, influence directement leur niveau d’engagement et leurs comportements, deux facteurs clés d’un climat d’apprentissage positif. Voilà un bel exemple d’essentiel invisible pour les yeux…
Une expérimentation a même prouvé que des étudiants aux études postsecondaires auraient des notes jusqu’à 30% plus élevées lorsque leur professeur manifeste un accueil chaleureux et rassurant. Puissant cet effet enseignant !
De la même façon, il est maintenant reconnu qu’une utilisation adéquate de l’humour en salle de classe permet une émotion positive pour un élève, un petit groupe d’élèves ou même toute la classe. Cette approche ne remplacera jamais les stratégies de gestion de classe qu’on nous apprend, mais elle gagnerait à être développée et même enseignée dans les facultés d’éducation. L’utilisation de l’humour en classe peut prendre de multiples formes selon l’enseignant et le niveau de son groupe : se montrer sous un air drôle et caricatural, l’imitation de personnages, les blagues et les jeux de mots, le jeu de rôle, l’autodérision ou l’anecdote personnelle à saveur humoristique, pour ne nommer que ces exemples. Comme on dit souvent, le ridicule ne tue pas ! La complicité qui se développe alors entre l’enseignant et ses élèves, procurant un état de bien-être et de confiance mutuelle, permet d’aller encore plus loin dans l’invisible pour les yeux… à la manière d’un Patch Adams de l’éducation.
Au-delà de la vocation ou de la passion qui anime les enseignants, il y a donc tout un travail essentiel et invisible pour les yeux. Et je ne parle pas ici de la planification annuelle, de la préparation des leçons, de la correction ou des communications avec les parents. Bien que ces tâches occupent une grande partie de leur quotidien, je fais plutôt référence à tous les éléments de psychologie et de pédagogie qui constituent les assises de leur enseignement, mais du même coup leur principal défi pour créer un climat propice aux apprentissages. Je souhaite donc, par ce court billet, souligner l’excellent travail invisible des enseignants qui, jour après jour, mettent du temps et de l’énergie à créer le lien avec les élèves qu’on leur confie ou qui usent de diverses stratégies pour établir un climat de confiance avec eux et, ainsi, les amènent à développer leur plein potentiel. Les résultats au bulletin sont souvent l’aboutissement des efforts et des stratégies de nos élèves, mais n’oublions pas que l’essentiel est invisible pour les yeux… Bonne semaine des enseignants !
(Crédit photo: iStock)
Superbe article Frédéric! Je l’ai partagé avec mon équipe. C’est plein de sensibilité et d’humanité! Bravo!
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Merci Diane pour ce beau commentaire et le partage. J’ai beaucoup de plaisir à rédiger mes billets.
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