J’ai l’habitude, depuis la mise en ligne de mon blogue, d’écrire un petit quelque chose pour souligner la semaine des enseignants. Même si j’aime bien l’acte d’écrire pour rassembler mes idées, m’exprimer sur un sujet ou tout simplement pour le plaisir de la chose, j’avoue que cette année j’aurais eu dix-mille bonnes raisons de passer tout droit. Parce qu’il m’est difficile de rester muet en pareille circonstance et parce que je dois bien ça à mon équipe qui, en cette année extraordinaire (dans le sens de hors de l’ordinaire…), se surpasse chaque jour – en présentiel ou à distance, voici une autre de mes réflexions sur l’effet enseignant.

À un moment où les plus simples routines sont chambardées et plusieurs repères n’existent plus, où certains retards pédagogiques se sont accumulés depuis le printemps pour quelques élèves, où on parle d’inquiétude et d’anxiété – tant pour les élèves que le personnel, où l’enseignement peut, à tout moment, basculer en virtuel, où on doit revoir notre planification en plus d’ajuster nos pratiques d’enseignement pour miser sur l’essentiel et j’en passe, une des certitudes en éducation qui me restent (et je l’ai depuis très longtemps, peut-être même avant d’être devenu enseignant) est celle de la puissance de l’effet enseignant. En fait, je dirais même que, peu importe que l’enseignant soit derrière son masque de procédure ou l’écran, je suis convaincu que c’est en très grande partie sur lui que repose la réussite de ses élèves. Par réussite j’entends d’abord le fait de cultiver le goût de l’école puis je réfère à tout ce qui concerne la découverte et prise de conscience de talents, de passions ou même d’une voie permettant aux élèves de s’accomplir. Je ne minimise ou n’oublie pas au passage l’acquisition de connaissances, le développement des compétences et les résultats, mais je crois davantage en l’établissement d’un climat positif et propice aux apprentissages ainsi qu’au développement d’une relation de confiance entre un adulte et ses élèves comme base solide à la réussite scolaire. Un enseignant qui s’intéresse véritablement à ses élèves et croit démesurément en leur potentiel pourra accomplir de grandes choses avec eux. Même si la notion de grandeur ici est parfaitement relative à l’échelle d’une classe, l’effet enseignant réfère à cet effet déterminant lié à la personne, à ce qu’elle est et à son savoir-être. Selon certains auteurs et chercheurs (notamment Gauthier, Bissonnette et Richard, 2013), l’effet enseignant serait si puissant qu’il pourrait surmonter les conditions socioéconomiques des élèves et d’autres facteurs de l’environnement. La relation maître-élève serait donc un des principaux déterminants de la motivation et de la réussite scolaires. C’est là non seulement toute une responsabilité à assumer pour un enseignant, mais aussi un sacré défi en temps de COVID !
» Il y a de cela une quarantaine d’années, on considérait encore que l’enseignant représentait une variable négligeable dans la réussite scolaire des élèves. On attribuait à des facteurs périphériques à l’école, tel le milieu socio-économique, un rôle primordial. Or, à la suite de nombreuses études réalisées depuis, on a maintenant pu mettre en évidence ce qui est désormais appelé l’effet enseignant. «
Steve Bissonnette, 2015
Je souhaite donc lever mon chapeau, à tous les enseignants que je côtoie, que j’ai connu de près ou de loin et tous les autres qui, jour après jour, d’août à juin à chaque année scolaire, se lèvent avec la ferme intention de changer le monde, un élève à la fois. L’influence positive que vous tentez d’avoir sur l’apprentissage, le développement et la réussite des élèves qu’on vous confie vous honore. En effet, vous maintenez, en dépit d’une foule de circonstances, une relation de qualité avec les élèves qu’on vous confie afin qu’ils aient confiance en leurs capacités de réussir. La bienveillance que vous démontrez quotidiennement à leur égard prend régulièrement la forme de commentaires constructifs. Malgré les barrières tels le masque, le plexiglas, la distanciation physique et toutes les autres mesures sanitaires imposées, vous êtes créatifs pour entrer en relation avec vos élèves et prenez le temps d’apprendre à les connaître, individuellement. Au-delà du « feu sacré » ou de la « vocation » qu’on vous attribue souvent, vous êtes des professionnels de l’éducation. Soucieux du bien-être et de la réussite de vos élèves, vous collaborez non seulement avec vos collègues enseignants, les autres membres de la grande équipe-école, mais aussi les parents. Finalement, à voir le temps que vous consacrez à votre planification, votre préparation et l’élaboration des différents projets que vous proposez à vos élèves, rien dans votre travail n’est laissé au hasard. Vous vous efforcez continuellement de créer et de renouveler des activités d’apprentissage signifiantes pour les motiver à se dépasser.
Pour toutes les raisons qui précèdent, je vous dis merci de faire une différence dans le cheminement des élèves que vous croisez sur votre route. Vous êtes des superhéros de l’éducation et votre pouvoir, l’effet enseignant, est trop souvent sous-estimé. Ne le niez pas et n’ayez surtout pas peur de l’utiliser judicieusement. Vous avez le pouvoir de réaliser de grandes choses !