La mue d’un directeur d’école

Comme un reptile, je suis dans une période de mue.  Non, je ne vous parlerai pas ici de problèmes dermatologiques personnels, mais bien d’une « mue professionnelle ».  Une mue qui m’a récemment amené à annoncer mon départ de l’école que je dirige depuis presque dix ans et pour laquelle ma « peau professionnelle » était adaptée, ajustée, voire confortable.  Cela dit, à l’instar d’un reptile qui grandit et vit des périodes de mues tout au long de sa vie, j’étais rendu à cette étape.

Crédit photo: iStock

L’analogie avec la mue des reptiles peut vous paraître surprenante, mais j’aime à penser que nous évoluons ou que nous « grandissons », nous aussi, toute notre vie professionnelle.  En tout cas, c’est ma situation; je ne suis plus le directeur que j’étais à ma première affectation, il y a près de 20 ans.  En effet, mis à part mes premiers changements d’école comme enseignant, j’en suis à ma septième « mue » comme directeur et chacune d’elles était nécessaire dans mon cheminement professionnel.  Chaque rencontre, chaque mandat, chaque projet ou chaque décision ont toujours été déterminants et ont servi à me façonner en plus de me faire grandir en tant que cadre scolaire.  Je ne crois pas que l’on naisse avec la pleine mesure de toutes nos compétences.  Au-delà des connaissances qu’on acquiert par différents moyens, je pense plutôt que ce sont nos diverses expériences qui nous forment et qui nous font cheminer, tant comme personnes que comme professionnels.  D’où les mues nécessaires et hautement enrichissantes…  Et ce, même si elles sont parfois surprenantes aux yeux de certains.

« Une seule chose est constante, permanente, c’est le changement »  Héraclite

En fonction de l’espèce, la mue nécessitera plus ou moins de temps.  Pour un reptile, changer de peau est un acte assez rapide en soi.  Néanmoins, il existe toute une préparation à la mue qui dépend de différents facteurs, dont certains qui se rapportent à son environnement, mais aussi son âge.  Encore là, j’y vois différentes similitudes avec ma situation alors que quitter un milieu après pratiquement une décennie est absolument déchirant, même si c’est ma décision.  Les liens tissés au fil des années, les routines établies, la complicité avec certains, la crédibilité acquise, … bref un niveau de confort et une certaine facilité ont retardé ma « mue ».  Toutefois, l’appel du changement et l’intérêt pour un défi au début de la cinquantaine ont, une fois de plus, été plus forts que l’inertie du statu quo.  C’est pratiquement instinctif pour moi; j’ai besoin de me lancer dans le vide, de tester mes capacités et mes limites, d’aller au bout de mes possibilités.  Comme le caractère inné de la mue pour un reptile, même si ce processus naturel le rend vulnérable pendant un certain temps.

J’ai hésité avant d’utiliser l’analogie de la mue d’un reptile, mais je considère que l’image qu’elle révèle correspond bien à ce que j’ai vécu depuis l’annonce de mon départ et ce que je m’apprête à vivre dans un nouveau milieu.  J’ai adoré mes dernières années; j’ai rencontré des gens extraordinaires et j’ai développé une foule de compétences qui m’ont permis d’accomplir de grandes choses.  Autant j’en garderai d’excellents souvenirs, autant je regarde maintenant en avant avec excitation après cette « mue professionnelle » qui, malgré son caractère énergivore sur le plan personnel, me permettra un nouveau départ professionnel.  Pour reprendre un vieux proverbe, pas de changement, pas d’agrément!

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